05/02/2014 : des pièces de 50 centimes


Aujourd'hui, j'ai eu envie de regarder une pièce de monnaie. J'ai ratissé les fonds de tiroir et les porte-monnaie de la maison, ramenant une petite collection de différentes pièces de 50 centimes d'euro.




Avant de me lancer dans les observations, je fais une parenthèse sur internet où je lis que les pièces de 50 centimes sont composées d'un alliage de cuivre nommé "alliage nordique" (89% de cuivre, 5% de zinc, 5% d'aluminium et 1% d'étain). Cet alliage est utilisé également pour les pièces de 10 et 20 centimes d'euro.

Ces pièces de 50 centimes ont un diamètre de 24,25 mm, une épaisseur de 2,38 mm et une masse de 7,8 g. Comme toutes les pièces d'euro, elles possèdent un dessin commun côté pile (au centre sur la photo ci-dessus) et un dessin spécifique à chaque pays côté face (les 7 pièces périphériques de la photo ci-dessus).

Première observation, à la loupe binoculaire au plus faible grossissement (7X), ah c'est beau ! La pièce rentre en entier dans le champ des oculaires. Avec une belle coloration jaune orangé, on dirait qu'elle est en or ! Je branche la caméra... Aïe, la pièce devient trop grande et déborde du champ !
Si je veux une image de la pièce en entier, il faudra que je fasse une mosaïque. Pas question de faire ça à la main dans Photoshop, je vais y passer des heures. J'utiliserai le logiciel Calico 2.1.1 qui fonctionne très bien pour faire mes panoramas.

Mon premier essai de mosaïque à partir de 4 photos, s'est soldé par un echec. À cause de la courbure de champ à ce faible grossissement, Calico a du mal à fusionner correctement les images, et le résultat final présente de nombreux artéfacts. Il faudra 9 photos par mosaïque pour un résultat impeccable.
Ensuite, point important, j'ai constaté qu'il était inutile d'appliquer un flat sur chaque image de la mosaïque. Avec ou sans flat, les résultats sur la pièce en elle-même sont quasiment identiques. Je pense que Calico, en faisant la somme des images, répartit uniformément le vignettage qui finit par disparaître sur la mosaïque. Il n'y a que le fond de champ qui est plus uniforme lorsqu'on flate chaque composante de la mosaïque. Mais le problème est vite arrangé par un simple détourage. Ça fait quand même une sacrée économie de temps !
Dans le même esprit, je n'ai pas composité les images brutes. Trois images à compositer pour chacun des 9 éléments de la mosaïque... quel travail ! De simples brutes avec la fonction de réduction de bruit de Motic Image suffiront amplement.

Donc pour toutes les photos ci-dessous, je n'utiliserai que la loupe binoculaire à son plus faible grossissement (zoom 0,7X).
À part la photo de la tranche, toutes sont des mosaïques de 9 images, réalisées exactement dans les mêmes conditions. La couleur est un peu étrange suivant les pièces. Je pense que la calibration sur fond blanc n'était pas ce qu'il y a avait de mieux. Si je dois refaire d'autres photos de pièces de monnaie, j'arrangerai ce défaut.



Première photo, le côté pile (revers). Identique pour tous les pays, il est décoré de la carte de l'Union européenne avec des lignes transversales auxquelles s'accrochent les 12 étoiles du drapeau européen.
Pour les millésimes 1999 à 2006, les pays sont séparés à leurs frontières, symbolisant l'Union européenne comme un rassemblement de quinze nations. À l'inverse, les revers des pièces de 1 et 2 € font apparaître une Europe sans frontières, tandis que les pièces de 1, 2 et 5 centimes indiquent la place de l'Europe dans le monde.
À partir de 2007, les pièces de 10, 20 et 50 centimes représenteront aussi une Europe sans frontières. Je n'en avais pas sous la main aujourd'hui.

À droite de la carte européenne, on lit les inscriptions "50 EURO CENT" qui correspondent à la valeur de la pièce. Mais aussi les lettres "LL" (en bas à droite du 0), qui sont les initiales du créateur de l'illustration, Luc Luycx, dessinateur belge de médailles et de monnaies. Ce dernier a remporté en 1997 le concours pour le dessin des faces communes des premières pièces en euros, frappées à partir de 1999 et mises en circulation le 1er janvier 2002.




Le côté face (avers) d'une pièce française millésime 1999 met en scène la Semeuse, figure ancestrale de la monnaie française et initialement gravée par Oscar Roty en 1897 pour figurer sur les pièces d'argent de la IIIe République. Elle représente une femme portant un bonnet phrygien qui sème dans le soleil levant, et à contre-vent d'après ses cheveux. Elle est un symbole fort de la République Française, une république combative ayant conquis ses libertés (symbole révolutionnaire du bonnet phrygien) et féconde, répandant la richesse sur la terre. Figuré à l'arrière plan, le soleil est l'expression des lumières de la liberté.
Son illustration a été modernisée par l'artiste Laurent Jorio, avec un rendu plus graphique et des traits épurés mais conserve la même expression corporelle. La Semeuse est désormais entourée des douze étoiles de l'Union européenne.

Les inscriptions mentionnent la date d'émission de la pièce ("1999"), les lettres "RF", initiales de la République Française. On y trouve également la mention "L. JORIO d'ap. O. ROTY" en référence aux créateurs de l'illustration.
Enfin, près des pieds de la Semeuse, on remarque 2 petits symboles. À gauche, une corne d'abondance, poinçon de la Monnaie de Paris (l'atelier de fabrication de la monnaie nationale française), et à droite une abeille (la marque du graveur général, Pierre Rodier (pour les millésimes 1999 et 2000), le responsable de l'atelier de frappe). En numismatique, ces marques s'appellent des "différents".




Vues de profil, toutes les pièces sont dentelées par des cannelures épaisses et identiques.




La pièce espagnole est à l'effigie de Miguel Cervantès (1547-1616), considéré comme le père de la littérature hispanique, à qui l'on doit notamment la création du mythique Don Quichotte. Le portrait de l'écrivain est accompagné de son nom, d'une plume, de l'inscription "ESPAÑA" (Espagne) et d'un M couronné qui correspond à la marque de l'atelier monétaire (la Casa de la Moneda à Madrid). Il est entouré des douze étoiles de l'Union européenne dont quatre ne sont pas en relief mais creusées dans une bande arciforme qui les relie. Le millésime "1999" apparaît en bas.




La pièce néerlandaise affiche un portrait aux traits épurés de la reine Béatrix, reine des Pays-Bas de 1980 à 2013. Son profil est entouré d'un nuage de points, autour duquel sont disposées les douze étoiles de l'Union européenne. En périphérie, on lit l'inscription circulaire : "BEATRIX KONINGIN DER NEDERLANDEN" (Béatrix reine des Pays-Bas).
En bas, figure le millésime "2001", entouré des deux différents. Celui de droite, un caducée (symbole de Mercure, dieu du commerce) signe l'atelier monétaire d'Utrecht. Et à gauche on trouve la marque du Maître graveur R. Bruens, qui adopte comme différent une demi-grappe de raisin collée à une demi-feuille de vigne.




Sur la pièce allemande, on peut observer une représentation de la porte de Brandebourg, monument et emblème de la ville de Berlin, symbole de la division et de la réunification allemande. Elle est entourée des douze étoiles de l'Union européenne.
Sous le millésime "2002", la lettre D correspond à la marque de l'atelier monétaire de Munich.




La pièce portugaise porte le sceau royal de 1142, deuxième sceau du premier roi du Portugal, don Afonso Henriques (Alphonse Ier). Il est entouré des 7 châteaux et des 5 écus figurant sur le drapeau portugais, symbolisant la reconquista effectuée contre les musulmans qui occupèrent le pays de 711 à 1147. Les 7 châteaux sont les 7 villes qu'Afonso Henriques a vaincues lors de l'occupation par les Maures. Les 5 écus sont ceux de sa victoire sur les 5 rois Maures lors de la bataille d'Ourique en 1139, au terme de laquelle il fut acclamé premier roi du Portugal par ses troupes. Ces 5 écus contiennent chacun 5 points représentant les 5 plaies du Christ disposées en croix. L'histoire dit qu'avant la bataille d'Ourique, Afonso Henriques priait pour la protection des Portugais lorsqu'il eut une vision de Jésus sur la croix. Après sa victoire et en signe de gratitude, Afonso Henriques représenta sur le drapeau de son père les 5 plaies du Christ, au nom duquel il avait vaincu ses ennemis.

Les lettres du mot : "PORTUGAL" sont intercalées entre les châteaux et le millésime "2002" entre les écussons. Les 12 étoiles du drapeau européen entourent le dessin sur l'anneau externe de la pièce.
On retrouve la marque d'atelier "INCM" (Imprensa Nacional e Casa da Moeda à Lisbonne) au-dessus de l'écusson situé à 4h. La signature de l'artiste, "VS" pour Vitor Santos, est apposée sur le premier des 5 écussons, celui à 8h.




La pièce belge représente le profil gauche du roi Albert II entouré des 12 étoiles de l'Union européenne entre deux desquelles se trouve son monogramme : un A avec le chiffre II en dessous, surmonté d'une couronne. Le millésime se situe juste en dessous, entre 2 autres étoiles. La Monnaie Royale de Belgique possède un atelier à Bruxelles, sans marque particulière, ce qui explique l'absence de différent sur cette pièce.




La dernière pièce collectée, celle de l'Italie, est une reproduction du pavement de la place du Capitole à Rome, dessiné par Michel-Ange, et au centre duquel trône la statue équestre de l'empereur Marc Aurèle. C'est sans doute la statue équestre la plus célèbre, et aussi la plus ancienne, la seule de la Rome antique qui soit parvenue jusqu'à nous. Reposant sur trois pieds, le cheval et son cavalier de bronze démontrent la maîtrise des fondeurs antiques. La statue était à l'origine entièrement dorée. Celle que l'on admire de nos jours sur la place du capitole est en fait une parfaite réplique ; on peut voir l'originale dans une des salles du Musée du Capitole pour la mettre à l'abri de la corrosion. On remarquera l'absence d'étriers, inconnus à l'époque romaine.
La scène est entourée des 12 étoiles de l'Union européenne. À gauche du cavalier, la lettre "R" marque la signature de l'atelier de Rome. Et à droite, les lettres superposées "R" et "I" signifient République Italienne et signent les euro monnaies de ce pays.
Au centre de la partie inférieure se situe le millésime "2002". Enfin, à la partie inférieure droite du pavement, on trouve un petit "m" qui ressemble au logo de McDonald's et qui correspond à la signature de l'artiste graveur Roberto Mauri qui a dessiné cette illustration.




Faute de nouvelles pièces, j'arrête ici la série. C'est une page que j'ai eu plaisir à faire. Grâce à elle je me suis intéressé un peu à la numismatique, domaine qui m'était totalement inconnu auparavant. J'ai appris pas mal de choses, notamment sur les marques de graveur et d'atelier. Et j'ai fait un petit tour d'Europe sans bouger de mon salon...


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